À l’occasion de la semaine de la mixité, nous avons souhaité interviewer deux managers d’équipe mixte sur ce que représente pour eux l’égalité et la mixité professionnelle au sein de leurs métiers. Hélène Canovas est responsable du service Comptabilité, reporting et synthèse, et Yvan Cassoux est responsable du service Contentieux. Ils nous livrent tous deux leur vision de la mixité professionnelle femme/homme.
En quoi la mixité femme/homme apporte-t-elle une richesse dans une équipe ?
Yvan Cassoux : Je pense que la mixité femme/homme dans le cadre professionnel doit s’envisager également mais aussi et surtout, en tenant compte du profil, de l’âge et de l’expérience. On est aujourd’hui dans un monde qui change, qui évolue : la mixité, prise dans son approche complémentaire, participe fondamentalement à cette nécessaire adaptation. Le caractère hétérogène de chaque individu, sa sensibilité propre, permettent de développer l’agilité et par la même, la contribution à la performance collective. L’essentiel demeure donc de veiller à l’adéquation entre compétences et objectifs pour tous les collaborateurs et ce, quel que soit leur sexe.
Hélène Canovas : Je ne fais aucune différence dans mon management entre mes collaborateurs et mes collaboratrices. Travailler avec des hommes et des femmes, c’est pareil, si ce n’est qu’il peut y avoir quelques petites différences de sensibilité, mais rien de fondamental. Mélanger les gens et les genres, c’est tout simplement le reflet de notre société. Il est important qu’une entreprise ressemble à ses clients. Nous sommes dans une société mixte, cet équilibre est nécessaire pour dynamiser et faire progresser l’entreprise. Les femmes et les hommes, avec leurs différences, se complètent ; là est la richesse. C’est agréable de travailler à la fois avec des hommes et des femmes, comme c’est agréable de travailler avec des jeunes et des moins jeunes.
Vous parlez de “sensibilité”. Y a-t-il une vraie sensibilité femme/homme dans la façon de travailler ?
HC : Sans généraliser, je remarque que parfois les femmes sont moins sûres d’elles ou vont moins oser se lancer. Mais là encore, il ne faut pas généraliser ni rentrer dans des stéréotypes, d’autant que les mentalités sont en train d’évoluer.
YC : Comme évoqué, la sensibilité ne se cantonne pas à une dichotomie entre homme et femme mais relève d’une spécificité personnelle qui s’adapte plus ou moins à l’environnement et aux contraintes professionnelles. C’est l’agrégation de cette diversité qui permet à chacun d’être plus efficient.
Au service Contentieux, on constate un nombre plus important de collaboratrices. A quoi cela est-il dû ?
YC : En effet, l’équipe est très féminine. C’est assez courant dans les services contentieux et de manière plus générale, dans les fonctions juridiques. C’est également sans doute lié au fait que les études de droit sont suivies en majorité par un public féminin. Au surplus, l’activité contentieux, par ses spécificités méthodologiques, organisationnelles et structurantes constitue un environnement particulier et, force est de constater, qu’elle “attire” plus une population féminine, les nouvelles arrivées ne dérogeant pas à cet état de fait. Pourtant, cela ne résulte en rien d’une approche segmentée ou orientée mais relève uniquement de la stricte priorisation qualitative : c’est encore aujourd’hui une constante, les candidatures féminines présentent un meilleur profil (comme dans la magistrature) alors que, semble-t-il, le pendant qualitatif masculin préfère s’orienter vers d’autres fonctions juridiques (avocats, huissiers…) propices à un cadre plus souple. Cependant, en écho avec les évolutions évoquées en début d’échange et à l’instar de la mutation d’autres métiers (ingénieurs, informaticiens…), j’ai le sentiment qu’un rééquilibrage ne devrait pas manquer de s’amorcer rapidement.
D’après vous, les contraintes liées à la parentalité concernent-elles plutôt les collaboratrices ?
HC : Oui, sûrement un peu. Il est vrai que les personnes qui travaillent à temps partiel sont majoritairement des femmes. Mais en ce qui concerne la parentalité, c’est avant tout une question d’âge. Les jeunes parents sont plus concernés par les contraintes liées à la petite enfance. Par ailleurs, je trouve tout à fait normal qu’un collaborateur prenne un congé paternité, au même titre qu’une collaboratrice prend un congé maternité. La parentalité est aussi une affaire d’hommes. Je pense qu’ils sont plus investis que les générations précédentes dans l’éducation de leurs enfants.
Au Crédit Foncier, un certain nombre de dispositifs facilitent l’articulation entre la vie professionnelle et la vie privée. Ces dispositifs sont-ils efficaces et bien mis en œuvre dans votre équipe ?
HC : Que ce soit pour les femmes ou pour les hommes, c’est une bonne chose, par exemple, de ne pas programmer de réunion à 8 h ou au-delà de 17 h 30 quand on sait que certains salariés doivent emmener et récupérer leurs enfants à l’école ou ont d’importants temps de transport. Au Crédit Foncier, on tient compte de ces aspects là et on laisse la possibilité aux collaborateurs de pouvoir assurer leurs obligations familiales. L’entreprise a également une démarche positive en menant des entretiens RH avec les collaboratrices à leur retour de congé maternité. Ces entretiens permettent d’étudier les conditions de la reprise, d’exprimer d’éventuels besoins de formation, de changement de régime de travail…
Par ailleurs, je constate que le Crédit Foncier mène aussi une politique pro-active contre le sexisme. Il m’est arrivé dans ma carrière d’entendre parfois des propos peu élégants à l’encontre de femmes, ou faisant référence à des préjugés. Mais la frontière peut être ténue entre sexisme et blague. C’est aussi une question d’interprétation et d’état d’esprit.
Qu’est-ce qu’implique, selon vous, une politique d’égalité professionnelle en entreprise ?
YC : Il s’agit de faire abstraction de toute origine ou de genre car ce qui doit être apprécié, ce sont la capacité à s’adapter, la performance, les résultats obtenus… Je préfère parler d’égalité des talents et des compétences. L’entreprise y travaille, notamment dans le cadre des enveloppes salariales au titre de la parité.